Quand on lui demande pourquoi il a choisi d’appeler son album Racine carrée, il répond que c’est « parce que la racine carrée d’un nombre est toujours juste, car concernant les nombres positifs » … Il se voit sous cette forme de racine carrée, car étant quelqu’un d’extrêmement perfectionniste, virant même jusqu’à l’obsession …
Lui, c’est Stromae (Maestro en verlan), Paul Van Haver à l’état – civil, ce grand (et beau) jeune homme de 28 ans, à l’allure dégingandée, à la gestuelle si saccadée, toujours vêtu comme un dandy des temps modernes … Il nous a tous fait danser sur son célèbre (et original) tube « Alors on danse » il y a 3 ans …
Je me souviens que je zappais toujours lorsque le clip passsait à la télé, ou me dépêchais de changer de fréquence lorsque j’entendais sa voix à la radio … Mais comme ça passait en boucle, forcément, j’ai fini par m’y accoutumer, et je me suis surprise à aimer la
chanson, me disant qu’elle n’était finalement « pas si mal » ce Somalien, découvrant bien plus tard qu’il était métis Rwando – Belge !
Aussi, quand j’ai pris la peine de faire plus attention aux paroles, j’ai été estomaquée … Littéralement ! Comme toujours, j’ai un immense respect pour les artistes qui écrivent leurs textes, à savoir les auteurs – compositeurs. Car savoir poser sa (belle) voix sur une savoureuse mélodie n’est pas tout … Encore faut – il que ladite mélodie soit accompagnée d’un texte sensé !
Et c’est le cas avec Stromae …
Au – delà de l’aspect festif du nom de la chanson « Alors on danse », il suffit d’y prêter une oreille attentive, l’on se rend compte que c’est bien plus que cela ! Morceaux choisis : Qui dit étude dit travail / Qui te dit taf te dit les thunes / Qui dit argent dit dépeses /
Qui dit crédit dit créances / Qui dit dettes te dit huissier / Et lui dit assis dans la merde / Qui dit amour dit les gosses / Dit toujours et dit divorce …
L’album Cheese – le premier –, a longtemps figuré dans une place de choix dans ma playlist quotidienne …
Son deuxième album, Racine carrée, ne déroge pas à la règle … Débuté sous forme de « leçons », de courtes vidéos – teasing, diffusant chacune un court extrait des chansons composant l’album. Ce que j’ai le plus apprécié, et apprécie toujours d’ailleurs, c’est qu’au – delà des textes cinglants de vérité, il parle de choses violentes et sensibles telles que la recherche du papa, les relations amoureuses, les MST, le cancer …
Il m’a fallu près d’un mois d’écoute et de ré – écoute de ce petit bijou pour me familiariser avec, mais encore trouver les mots pour faire la tracklist de l’album …
La voici, par ordre de préférence des morceaux :
Papaoutai : papa où t’es ? Tout le long de la chanson, Stromae se pose et se repose cette question, allant à la quête de son papa qu’il a si peu connu … Né d’un père Rwandais et d’une mère Belge, il a souffert de ce manque d’une présence masculine / paternelle dans son environnement, comme il le répète à l’envi au cours d’interviews et plateaux TV …
A la fin de la chanson, il se questionne sur le papa qu’il sera lui – même, admirable ou détestable, un géniteur ou un génie …
Une pépite d’or !
Formidable : un vrai coup de maître !
Quand la toile a pris connaissance de la vidéo (superbe du reste), d’aucuns pensaient que Stromae avait un peu trop levé le coude, d’autres qu’il avait tout simplement perdu la tête ! Stromae (sur) joue admirablement le rôle d’un jeune homme fortement imbibé d’alcool, qui s’est fait larguer la veille par sa chère et tendre …
Il se lâche sur sa relation amoureuse ratée, s’érige en philosophe qui pense que toutes les romances sont vouées à l’échec …
Ave Cesaria : voici une formidable et émouvante chanson – hommage à la diva cap – verdienne Cesaria Evora, qui a enchanté les mélomanes du monde entier par sa voix suave et ses mélodies entraînantes …
Comme il le dit si bien, Stromae est « fan des chanteurs qui disent des choses », et Cesaria Evora en fut indiscutablement une !
Moules frites : loin de parler de gastronomie, cette chanson évoque l’une des maladies les plus dévastatrices du XXIe siècle, à sa voir le Sida …
Paulo, qui aime les moules frites, sans frites et sans mayo, aurait dû faire gaffe à son petit doigt …
Quand c’est ? Ici, Stromae s’en prend à une autre maladie toute aussi nuisible, qui s’en est prise au sein de sa mère, et au poumon de son père, qui aime les enfants, jouant à l’innocent sur les paquets de cigarettes …
Une magnifique mise en musique pour inciter à la sensibilisation et au dépistage …
Sommeil : quand on fait la fête, c’est connu, on cherche à fuir des moments déplaisants dans cette vie si pesante … En somme, l’on cherche à faire la fête pour se (re) créer une autre vie, plus éphémère celle – là …
Bâtard : bobo de Paris, beauf, féministe, homo (phobe ou sexuel), illuminati, flamand ou wallon, quelle que soit notre orientation, l’on sera stigmatisé … Et quand la couleur de la peau vient s’y greffer, elle accouche de la bêtise la plus avilissante de l’espèce humaine : le RACISME !
Carmen : l’amour, c’est comme l’oiseau de Twitter, l’on est bleu de nuit que pour 48h !
Tout comme Formidable, Carmen évoque les rapports amoureux, mais sous l’angle de la vitesse de consommation, à une époque où l’on a tendance à jeter l’autre dès que ça ne va pas …
Humain à l’eau : c’est bien connu, les rapports nord – sud sont toujours inégaux, et les pays du sud sont toujours inégaux à leurs « maîtres » du nord …
Ces rapports aussi inégaux qu’exécrables, se font sous forme d’exploitation … Ce morceau est une invite à l’abandon de la culture de la bêtise et au respect du genre humain …
Ta fête : la fête, tout le monde aime la faire …
A qui la faute quand on sort ? A autrui bien entendu … L’on veut seulement faire la fête, alors que tout le monde veut nous faire notre fête ! Dur dur …
AVF (Allez vous faire) : en featuring avec Maître Gims et Orelsan, Stromae revient à sa passion première, le rap …
Allez – vous faire est un pied de nez à tous ceux qui veulent contrôler nos pensées, dans un monde où tout part à vau – l’eau …
Tous les mêmes : Stromae s’en prend à ses congénères les hommes, ces « mauviettes » infidèles … Campant tour à tour le rôle de l’homme, puis de la femme, un règlement de comptes s’opère et chacun sort ce qu’il/elle a sur le cœur …
Merci : l’artiste remercie en musique tous ceux et celles qui l’aiment et kiffent sa musique …
La Belgique a trouvé son nouveau Jacques Brel !
Bon vent l’artiste !
Bonne lecture ^^
NFK
Super article ! J’ai bien rigolé sur le « Stromae » Somalien et j’ai apprécié le fait d’avoir décrypté l’album chanson par chanson. J’ai fait l’inverse en tentant de voir le lien entre toutes (ou presque).
J’aimerai bien votre avis dessus du coup !
http://www.indigne-du-canape.com/tous-les-chemins-de-stromae-menent-a-lhumanite/
Au plaisir !
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J y jette un coup d oeil de suite
Merci pour la visite
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Moi mon préféré c’est « Tous les mêmes » 🙂
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Stromae, c’est un génie tout simplement… Btw t’as un style d’ecriture trés fluide bon courage.
ps: je viens de découvrir ton blog aprés avoir entendu parlé de ton livre 🙂
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Hello
Merci infiniment pour la visite du blog 😉
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U’re welcome!
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Au plaisir d échanger 😉
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