Publié dans Au Sénégal, Bouquinage

Lu et approuvé : Ces goulots qui étranglent le Sénégal de Cheikh Yérim Seck

Cheikh Yérim Seck est un « personnage » controversé. J’utilise le mot personnage à dessein, car dans la nature intrinsèque de cet homme, coexistent plusieurs natures.

Journaliste à l’hebdomadaire Jeune Afrique durant une décennie, il a été accusé, dans l’existence de cette fonction journalistique, de faire du journalisme « alimentaire », autrement dit utiliser ce puissant instrument qu’est sa plume pour monnayer des interviews, faire chanter hommes d’Etat et autres puissants du continent …

Rentré à Dakar, il crée Dakaractu, magazine et webzine, où ses méthodes d’écriture seront elles aussi décriées, mais il réussira tant bien que mal à installer Dakaractu dans le landerneau informationnel sénégalais.
Il y a de cela un an, plus précisément en Septembre 2013, Cheikh Yérim Seck défraie la chronique avec une sombre histoire de viol sur la dénommée Aïssata Tall … Traquenard? Amourette qui aira mal tourné? J’ai déjà donné mon « avis » sur cette rocambolesque hitoire dans l’article intitulé Le tonton et la nièce que vous pourrez consulter ici : https://cequejaidanslatete.wordpress.com/2012/09/20/le-tonton-et-la-niece/.

ces-goulots-qui-etranglent-le-senegal-de-cheikh-yerim-seckAyant mis à profit son séjour carcéral, il a publié à sa sortie un livre, Ces goulots qui étranglent le Sénégal. Beaucoup s’attendaient (moi y compris) à ce qu il s appesantisse sur l’affaire l’opposant à la demoiselle Tall, affaire qu’il n’aura que brièvement rappelée, car son ouvrage traite du Sénégal, de la situation politique, sociétale, environnementale, sportive et même diplomatique du Sénégal …
À travers 15 chapitres, l’auteur fait un diagnostic sans complaisance de ces goulots qui étranglent, obstruent et empêchent la bonne marche de notre pays …

Composé de quinze chapitres, le livre fait un constant objectif, mais surtout lucide du Sénégal d’aujourd’hui.

Dès l’introduction, l’auteur campe le décor. En faisant un rappel historique des premiers découpages institutionnels ayant existé dans notre pays, tels que les Damels, les Bracks, il relate les turpitudes du jeune Sénégal indépendant, la naissance des premiers mouvements intellectuels tels que celui fort célèbre de la négritude …

Le chapitre 1, intitulé La désertion de la réalité au profit du rêve, parle d’un problème récurrent, celui des paradis dits « artificiels », la consommation de chanvre indien qui prend des proportions gargantuesques que le Sénégalais lambda consomme pour s’évader face à la dureté du quotidien … Quotidien qui se retrouve plombé face au péril chinois, titre du chapitre 2. Les Chinois, qui non contents de spolier les parts de marché des commerçants autochtones, ont installé une véritable « mafia » entre nos murs, ont leur propre système judiciaire, en supprimant leurs compatriotes véreux, et en faisant sortir des liasses entières de devises de notre territoire … En gros, leur activité ne nous avantage en rien !

Les eaux qui mangent le Sénégal, titre du chapitre 3, parle des eaux qui menacent de « manger » le Sénégal. En effet, les eaux menacent dangereusement l’urbanisme de certaines villes du Sénégal, notamment Saint – Louis, ancienne capitale de l’AOF, qui connaît un état de délabrement sans précédent …

La plaie de la Casamance, 4e chapitre, fait un constat lucide de la situation de la Casamance, cette région du sud du Sénégal, qui fait face à une « guerilla » qui dure bientôt 30 ans … Cette guerre, qui n’arrive pas à trouver d’épilogue, fait l’affaire de beaucoup de groupuscules qui gravitent autour du conflit : rebelles qui négocient les pourparlers, trafics d’armes dont les points stratégiques se trouvent dans les pays limitrophes tels que la Gambie ou encore la Guinée Bissau … Avec le conflit casamançais,  CYS fait le parallèle avec des conflits qui ont secoué des pays africains tels que l’Angola, le Liberia … Ce conflit aura des conséquence désastreuses si l’on ne le désamorce pas, ou au moins trouver des solutions durables, car il peut conduire à l’éclatement de la bombe jeune, titre du chapitre 5 … Cette jeunesse qui constitue la majeure partie de la population sénégalaise, laissée à elle – même, est désoeuvrée, sans repère (s), car déçue de la politique telle qu’on la pratique chez nous, à savoir la politique « politicienne » …

Je pourrais continuer à égrener les chapitres de ce livre un à un et d’en faire l’apologie, mais ce serait infiniment long et ne pousserait (peut – être) pas à lire le livre …

Je les listerai juste, car ils constituent une suite plus que logique, car chacun annonce l’autre dans un enchaînement chronologique …

  • La gangrène de la lutte
  • Une culture régressive
  • Un développement faussé
  • Une école qui n’enseigne plus
  • Un Etat qui se déconstruit
  • Le Président que l’on n’a pas vu venir
  • Une première dame accusée de tous les maux
  • Une classe politique perdue dans ses calculs
  • Un environnement sous – régional dangereux
  • Un pays aux mille et un paradoxes

Inutile de dire que j’ai aimé l’ouvrage … Remarquablement bien écrit, dans un style concis, l’on sent qu’il y a un travail sérieux derrière …

Outre, le journaliste de formation qu’est CYS maîtrise les dates, les chiffres – clés, les événements historico – culturels qu’il relate et les décrit superbement … Rien que pour ça, cet ouvrage mérite d’être lu, car au – delà des différents aspects dont il traite, il propose des pistes de réflexion pour le devenir de cette chère barque qu’est le Sénégal …

Et je pense que la cause nous est tous chère !

Bonne lecture !

NFK

6 commentaires sur « Lu et approuvé : Ces goulots qui étranglent le Sénégal de Cheikh Yérim Seck »

  1. Bonjour, c’est une présentation très intéressante de ce livre, qui donne envie de le lire, et je suis curieuse de savoir si, après avoir exposé les différents goulots d’étranglement qui étouffent le Sénégal, l’auteur a proposé des pistes de solutions.

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  2. Magnifique article !! On ne sent presque pas ton admiration pour le phénomène (boutade bien sûr !! ).
    Blague à part tu m’a donné envie de lire son livre . Chapeau bas !!

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