Publié dans Réflexion

Le culte de la masculinité

Les réseaux sociaux, quoi que l’on puisse en dire, sont aujourd’hui le miroir de nos vies. En ce sens qu’ils reflètent ce que nous vivons, et surtout pensons au quotidien. À chaque fois qu’un événement occupe l’actualité, je fais le tour des réseaux sociaux où j’ai un compte (Twitter, Instagram, Facebook) pour prendre le pouls et voir ce que les gens en pensent.C’est très instructif, et j’assimile cela à une enquête sociologique.

Les débats aussi font rage. Dans les rares groupes dont je fais partie, je privilégie la qualité des discussions et l’enseignement que je peux en tirer.
Ce fut le cas avec une discussion autour de la masculinité dans le groupe Let’s Talk (publicité gratuite). Ray, l’un des membres, avait posé la question de savoir si les hommes devaient gémir durant les rapports sexuels. Pendant que les uns étaient pour et les autres contre, mon cerveau se mettait en branle.
Les avis étaient partagés et les réponses données m’ont donné envie d’écrire cet article.
On peut dire que cet article vient en complément d’un autre que j’avais écrit concernant l’éducation des garçons. Vous pourrez le lire juste ici : https://cequejaidanslatete.wordpress.com/2018/02/06/eduquons-nos-garcons/
Dans l’imaginaire collectif (surtout africain), un homme, c’est la virilité par excellence : barbe, muscles saillants, voix de baryton, et tout ce qui s’en suit …Tout ce qui va à l’encontre de ces caractéristiques physiques bourrées de testostérone est à mettre dans le domaine féminin : tapette, tarlouze, femmelette et autres joyeusetés. Car rappelons – le, être efféminé, équivaut à être gay. Mais ceci est un autre sujet sur lequel je reviendrai.
Les petits garçons grandissent avec dans leur tête l’idée qu’ils sont de futurs hommes et leur éducation tournera autour de beaucoup de choses censées le leur rappeler : ne pas pleurer, ne pas montrer ses émotions, ne pas agir comme les femmes …
On le voit dès le bas-âge, quand ils commencent à s’affirmer et prendre conscience de leur être. Au cours de toutes les étapes formant leur enfance, les petits garçons sont entourés de modèles censés leur inculquer les phases de leur future carrure d’homme. Durant la phase cruciale de la circoncision, très douloureuse du moins comme elle se faisait traditionnellement et continue de se pratiquer dans certaines contrées africaines, les futurs hommes se voient trancher le prépuce avec un couteau et malheur à celui qui osera émettre le moindre sanglot.
En ville, dans les zones où se concentrent les bandes de jeunes garçons, chacun bande les muscles peu ou pas développés, la voix mue, la barbe commence à pousser, et quiconque sera à la traîne ou pleurnichera devant la douleur se verra traiter de « femme ». Car dans la dichotomie opérée entre le sexe masculin et féminin, la femme sera caractérisée par ses émotions (tristesse, colère, joie) et à la façon expansive de les montrer, et plus l’homme sera renfermé sur lui-même, taciturne et limite bougon, mieux cela vaudra pour lui. Car un homme ne pleure pas, ça cest connu.
Les petits garçons, pour en revenir à eux, qui auront envie de s’écarter de cet ordre pré établi, se verront durement réprimander et se brimeront encore plus, car à l’heure où les attributs masculins se forment, le regard de la société devient de plus en plus dur.
J’en ai parlé au début de ce billet. En parlant de masculinité, je fais une petite digression chez les homosexuels. Dans l’imaginaire collectif (surtout africain), celui qui est gay est une femmelette, une tarlouze, une tapette, en somme quelqu’un dont les caractéristiques féminines sont très développées. Alors qu’il n’est pas rare de voir un gay musclé, bien comme il faut, et ressemblant à un homme hétérosexuel. En parcourant les pages de disussion, notamment sur Facebook, je suis toujours effarée de lire les témoignages anonymes de jeunes hommes expliquant qu’ils ont dû cacher leur homosexualité à leur famille à grand renfort de séances à la salle de sport. Plus ils apparaissaient bodybuildés, moins les inquiétudes quant à une sexualité « normale » se faisaient. Ceci est encore un des revers du mythe de la masculinité.
Tout ce que j’ai énoncé plus haut relève de l’état des lieux face à ce fait sociétal. Maintenant que fait-on?
Pour moi, tout est à chercher à la base même de l’éducation. Un homme n’est pas Dieu sur terre, c’est une personne normalement constituée, avec des forces, des faiblesses … En les éduquant à cacher leurs émotions et a toujours montrer le côté positif, ces petits garçons, en grandissant, accumulent quantité de frustrations dûe à la pression pesant sur leurs épaules. Ce qui aura pour effets collatéraux de les transformer en tyrans déversant leur colère sur leurs compagnes.
Une redéfinition des rapports de genre, une plus grande flexibilité dans l’éducation des garçons en leur montrant qu’ils peuvent se laisser aller autant que les filles, toutes ces composantes permettront de rééquilibrer la masculinité et de la rendre moins toxique et pesante.
Bonne lecture,
NFK

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